Le grand succès des années quatre-vingt, c'est celui-là ; qui fut créé par Paulus, en mai 1886 à La Scala. - Par ce même Paulus qui avait entamé sa carrière dix ans auparavant mais sans grand succès. - Puis, un jour, chantant Les pompiers de Nanterre (*), il se mit à se promener d'un bout à l'autre de la scène, dansant, gesticulant, suant, soulevant l'enthousiasme de son public. - Il venait de créer un genre nouveau : celui du gambilleur (de gambille, mot picard signifiant jambe et, par extension, danse).
Il n'a pas été filmé - voir la note (**) ci-dessous) - et sa voix n'a jamais été enregistrée (voir la note (***) - ) mais les descriptions qu'en ont fait de ses prestations ses contemporains, les disques publiés sous son nom, les affiches et les photos qu'ils nous a laissés nous donnent une assez bonne idée de ce que devait être un tour de chant à la Paulus. - Plus tard, d'autres artistes viendront et gambilleront sur scène : Mayol dont toutes les chansons furent tout au long de sa arrière accompagnées de gestes et de pas de danses, Georgius, aussi, qui essoufflait son public mais qui, lui, n'était jamais essoufflé et, plus près de nous, on n'a qu'à songer à un Yves Montand interprétant La fête à Loulou. Personne cependant ne semble avoir pris la relève de ce créateur exceptionnel dont les refrains - dont on ne se souvient plus ni des noms, ni des paroles -, résonnent encore dans - ce que nous appelions dans notre page dédiée aux petits maîtres - notre inconscient collectif.
La chanson à l'origine de ce grand succès doit son existence à un ballet écrit par Louis César Désormes (compositeur, 1841-1989, auteur entre autres, d'une Sérénade pour mandolines et d'un Ballet espagnol). - Le ballet dont on ignore jusqu'au nom a été vite oublié mais l'air, entraînant de ce passage, plut immédiatement à Paulus. - Il la confia à ses paroliers favoris et la chanson devint immédiatement un grand succès. - Puis, un soir, en l'honneur du Général Boulanger, Paulus changea le dernier vers du deuxième couplet ;
«Mois j'faisais qu'admirer
Tout nos braves petits troupiers.»
devint
«Moi, j'faisais qu'admirer
Notr' brav' général Boulanger.»
Ce fut le délire.
«Je n'ai jamais fait de politique, affirma-t-il dans ses mémoires (****), mais j'ai toujours guetté l'actualité.»
Et comment ! Jusqu'à la toute fin de sa carrière, Paulus du conserver cette chanson à son répertoire, Général Boulanger ou pas. - Lors de l'exposition de 1898, on était obligé de fermer les portes de l'Alcazar à huit heures du soir, tant était grande la foule qui voulait voir et entendre celui qui, au dernier refrain, hissait son haut de forme au bout de sa canne et entamait son «Gais et contents...» en chevauchant un cheval imaginaire.
Est-ce à cause des paroles plus ou moins grivoises ou à cause du tempo - très militaire, soit dit en passant (voir au numéro 2) -, de la gaieté qui se dégage de son refrain qu'on se souvient encore de cette chanson ? - Elle a plus de cent ans et voyez, en cliquant sur la note ci-dessous, si, parmi vos récents ou plus anciens souvenirs, elle ne fait pas partie de celles que vous croyiez avoir oubliées.
L'interprétation que nous proposons d'abord est celle de Jean Péheu (pseudonyme de Jean Murelli, auteur de plusieurs romans policiers... ?). - Elle date de 1909 :
En revenant de la revue - Jean Péheu - 1909 - format MP3 : - 2m58 - 1 398 ko
Jean Péheu
Et puis pourquoi pas deux autres ?
La première, d'un des rares enregistrements de Gabin, père, chez Columbia, vers 1907, 1908 (collection Jean-Philippe Maran)
En revenant de la revue - Gabin, père - 1908 (?) - format MP3 : - 2m20 - 2 200 ko
La deuxième date de 1933 et donnera une idée du style de l'époque. Elle est de Perchicot :
En revenant de la revue - Perchicot - 1933 - format MP3 : 2m48 - 1 318 kp
Autres interprétations suggérées :
Georgius (1950), Bourvil (1950) (sans doute la meilleure de tous les temps - sur disque) et Guy Béart (1982).
Extrait : Bourvil, en 1950 :
En revenant de la revue - Bourvil - 1950 - format mp3 : 1m07 - 461 ko
Bourvil