打印本文 打印本文  关闭窗口 关闭窗口  
[女声朗读]中法小小说《放弃Abandon》
作者:未知  文章来源:互联网  点击数  更新时间:2008-08-22 17:35:03  文章录入:admin  责任编辑:admin

Il est parti. Une fois de plus.

Pour de vrai, pour de faux, comment savoir ? C’est la troisième fois que je retrouve l’appartement vide, avec un petit mot sur la table. Le même petit mot à chaque fois. Et quand je dis le même, c’est vraiment le même. Il recycle, le salopard, c’est bien, c’est écologique. Ça fait des arbres abattus en moins et de l’encre en plus.

Les deux fois précédentes, il est revenu. De lui-même il y a deux ans, et en cédant à mes supplications il y a six mois. Je pensais avoir encore un peu de temps devant moi avant qu’il ne me refasse le coup, mais non. Il est parti.

C’est vraiment puéril de ma part, mais dans un esprit revanchard, j’ai jeté sa lettre aux toilettes et j’ai tiré la chasse. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Comme ça, la prochaine fois, il devra la réécrire.

À peine le tourbillon hygiénique s’est-il apaisé que je regrette déjà mon geste. Je prends conscience, avec une acuité qui me fait chanceler, de la signification profonde de ce que je viens de faire. Il est parti, mais ne reviendra pas. Il n’y aura pas de prochaine fois, plus jamais. J’en suis persuadée, ne me demandez pas comment, ça ne s’explique pas, pas plus que le goût des larmes. Enfin, peut-être que vous, vous sauriez l’expliquer. Moi, pas. C’est comme ça.

Entre nausée et colère, à genoux dans les toilettes, je réfléchis. Je suis glacée.

Derrière moi, le chat miaule plaintivement. Un bipède en plus ou en moins dans sa vie, il s’en fout royalement. Mais c’est l’heure de la bouffe. Je me relève, vais à la cuisine et lui ouvre une boîte. Duo dinde et canard. Ils ne s’emmerdent pas, les chats.yuanfr.com

J’étais mauvaise langue. Chocolat n’a pas faim, il se frotte à moi en ronronnant, quémandant simplement quelques caresses. Un peu de chaleur dans ce monde de déserteurs. À peine l’ai-je dans les bras que je fonds en larmes. La bête apprécie moyennement la douche, mais reste stoïque et me regarde en clignant ses magnifiques yeux verts.

On s’en fout. On est bien, tous les deux, non ?

Non. Je ne suis pas bien, moi. Tu sais ce que ça veut dire, un humain qui pleure, Chocolat ? Et un autre qui s’en va ? Chocolat soupire doucement et baisse les yeux. Il sait, oui. Il compatit. C’est sa troisième fois, à lui aussi.

Je n’arrive pas à me décider. J’essaye de le faire revenir, en vain, ou je me barre aussi ? Pour de bon ? Serrant toujours Chocolat contre moi, je reviens dans les toilettes et contemple la cuvette comme si j’en attendais un signe. Du style, un message qui remonterait des profondeurs abyssales et qui se reconstituerait devant mes yeux. Je ne suis vraiment, vraiment pas bien, Chocolat. Aide-moi.yuanfr.com

Chocolat, agacé par mes hésitations, me mord le menton et saute de mes bras, directement sur le bouton de la chasse d’eau qui tourbillonne à nouveau. D’accord, Chocolat. Tu as raison. Je pars.

Je le dis à voix haute, pour voir : « je pars. » Ça sonne bien, je trouve.

Ma décision est prise mais je me force à réfléchir un minimum. Laisser un mot, moi aussi ? Oui, je pense que c’est nécessaire. Sitôt dit, sitôt fait, je gribouille un message, à la fois déprimé et furibond, que je laisse bien en évidence sur la table de la cuisine.yuanfr.com

Le chat ! Il faut que je demande aux voisins de venir s’occuper de Chocolat pendant mon absence. Essuyant mes larmes d’un revers de main, je vais sonner chez eux.

Je suis désolée de vous déranger à cette heure là (il est quelle heure, au fait ?) mais je dois m’absenter, (blablabla) nourrir le chat s’il vous plaît ?

Bien entendu, ils le nourriront. Ils adorent Chocolat, comment ne pas aimer un chat qui s’appelle Chocolat et qui est d’un blanc immaculé, ah là là, quel sens de l’humour il a, votre ami.

(Vous n’imaginez pas à quel point.) Merci, vraiment, merci. Je vous laisse une clef, vous savez où sont les boîtes.yuanfr.com

Oh oui, ils savent. Ils ont l’habitude. C’est leur troisième fois, à eux aussi.

Combien de temps ? Oh, quelques jours, à peine (menteuse !), une semaine tout au plus. Je vous préviendrai de mon retour (là, je réprime à grand peine un rire nerveux). Merci, vraiment, merci.

Je rentre chez moi, pas très fière de les avoir ainsi menés en bateau mais je me voyais mal leur raconter ma vie sur le palier. Sans compter qu’ils auraient essayé de me raisonner, comme n’importe qui d’à peu près censé le ferait. Quand ils trouveront mon mot et qu’ils comprendront, ils se débrouilleront pour caser Chocolat, soit chez eux, soit dans une bonne famille, je leur fais confiance.

Qu’est-ce qu’il me reste à faire ? Je parcours l’appartement, caressant une dernière fois les menus objets qui en faisaient notre chez-nous. Les livres, les disques, cette petite sculpture d’un personnage mystérieux au nom imprononçable, caché sous une cape et un grand chapeau, que nous avions ramené de Bretagne cet été. Soi-disant porte-bonheur. Tu parles.

Je dis adieu à toutes les pièces, les unes après les autres. Il n’y en a que deux, c’est vite fait. Arrivée dans la salle de bain, j’hésite. Je regarde la baignoire. Après tout, pourquoi pas ?yuanfr.com

Je me fais couler un bain, bien chaud, avec plein de mousse, comme j’aime. Je vire Chocolat de la pièce avant qu’il ne commence à en faire voltiger partout. Je le connais, l’animal. Chocolat grogne, pas content. On est deux, mon grand.

Je me déshabille et je plonge. Trop chaud, je m’ébouillante à moitié. Tant pis, maintenant que j’y suis… Je marine un moment. La température finit par devenir supportable, ou alors je me suis habituée. Peu importe.

Je pars. Je savoure ces mots. Je savoure mon dernier bain. Je savoure même son absence. Enfin, j’essaye.

Chocolat miaule toujours et gratte à la porte mais je n’ai pas le cœur de lui crier après.

Je prends le rasoir - Il l’a oublié - qui traîne sur le bord de la baignoire, je démonte les lames et d’un geste rapide, de peur de perdre courage, je me tranche les veines. Poignet gauche, poignet droit - moins facile. Après réflexion, dans un souci de travail bien fait, je réitère sur les chevilles. J’ai lu que dans l’eau chaude, ça ne faisait pas mal. C’est faux.

Mais je m’en fous. Je pars. yuanfr.com

Chocolat pleure. Pauvre bête. Les voisins s’en occuperont.

Moi, je pars. Je m’enfonce dans la mousse rouge et chaude qui m’engourdit. Je n’ai plus mal. J’ai l’impression que les murs s’éloignent. J’ai froid, j’ai un peu peur. Trop tard.

Derrière la porte de la salle de bain, le chat se déchaîne. Il saute sur la poignée, il hurle, maintenant.

Je suis désolée, Chocolat. Tu étais un chouette chat.

Désolée, les voisins, pour le spectacle que vous trouverez demain en venant nourrir Chocolat. Je ne crois pas que vous accepterez un jour de rendre à nouveau ce genre de service.

Désolée, les amis, tous ceux à qui je n’ai pas pensé. Je pars.

Et lui, lui, j’irai l’attendre en Enfer.

他走了,又一次。是真是假,又如何可知。人去楼空,这已是第三次了。象每次一样,桌上又留着同样的留言。我说的同样,真的是一字不差他循环使用它们, 这个坏蛋. 这样真好,真环保. 至少不用多些树被砍倒, 也不用多费些墨水。

前两次,他回来了。第一次是在两年前,是他自己回来的。第二次,半年前,是在我的苦苦哀求下回来的。本以为还有一段时间,他才会故伎重演,可是我错了,他走了。

马桶中水漩刚刚平静下来,我已经后悔了。我到底在干什么?忽然间我才意识到不会再有下一次了,决不会了, 我对此坚信不移, 不要问我为什么,就如同泪水之苦,又如何能够解释呢?

跪在抽水马桶前,伤心欲绝,遍体血液仿佛突然凝住。身后,猫在抱怨的叫着。两条腿的‘动物’在想什么,它不管那么多,是吃饭的时候了。我起身进了厨房,给它打开了一盒火鸡鸭子肉罐头,对于猫,他们可不会厌倦的。

我误解了,巧克力不饿,一边蹭着我,一边发出呼噜声,乞求着我的抚摸。突然间这个充满背叛的世界出现了一丝温暖,我不禁将它揽入怀中,泪如雨下。小猫不喜欢这样淋浴般的抚摸,但还是温顺的趴着,并眨着绿宝石般眼睛望着我。

我们两个不是很好吗?还管那么多干什么?可是不是,我,我非常不好。你知道这意味着什么吗,巧克力?人,一个泪水湿面,另一个转身而去。巧克力发出轻轻叹息,低下了眼睛。它知道,是的,他在同情我。对它来说,这也是第三次了。

我还没有下定决心。我是应徒劳的尝试让他回来,还是我也应该离开?彻底的离开?紧抱着巧克力,我又回到了盥洗间,注视抽水马桶,仿佛等待着某种徵兆。那张被冲走的字条是否能重新从浮上来,完整地在眼前恢复原状?我真的很难过,巧克力,帮帮我!

我的犹豫惹恼了巧克力,它要了一下我的下巴,从我的怀中一下子跳到冲水按钮上,随着又一次水漩,我明白了。巧克力你是对的,我应该离开了。

我大声的说了出来,为了能够实实在在的看到« 我应该离开! » .声音响亮而彻底。我意已决,但强迫自己再考虑一点东西: 我也留下几句话?是的,我想有这个必要。说做就做,带着疲惫而又愤怒的心情,乱写了一番,再把它放在了厨房桌上一个明显的地方。猫!我应该让邻居来照看巧克力。用手背轻拭脸颊的泪后,我去压响了他们的门铃。

真对不起,这个时间打扰您,(可到底几点了呢?) 我要离开一下,(紧接着是一堆废话),麻烦喂一下猫可以吗?当然了,他们会的,他们喜欢巧克力,又有谁会不喜欢一只纯白而又叫巧克力的猫呢?呵呵,你的朋友真幽默。(那当然,你们都想象不到的程度)太谢谢了,我给您留下钥匙,您知道罐头在哪。

是的,他们知道,他们习以为常,这也是第三次了。要多久?嗯,就几天(骗子!)最多一个星期。我回来前会通知你们的,(到此,我僵硬的笑了一笑)谢谢了。

我回到家,并没有为把她们拖下水而得高兴,我想象不出如何能够在楼道里向他们谈论我的生活。不要说他们会试着劝导我,无论是谁都会这么做的。当他们看到我的留言,他们就会明白的。我相信他们会安置好巧克力的,要么在他们家,要么找到另一个好人家。

在我的生命最后剩下来的这段时间该做点什么呢?我在房中踱步,最后一次轻抚家中的一切,每一本书,每一张碟,还有这个遮盖在斗篷和大帽子下的叫不出名字的神秘人物雕塑,那是我们今年夏天从Bretagne带回来的据说能带来好运的护身符”.说是什么可以带来好运? 胡扯。永别了,所有的这一切。很快向两间屋子告别完,走进了浴室,犹豫了一下,看到了浴缸,一切都已结束,为什么不呢?

放水,水很热,还带着我喜欢的泡沫。在巧克力到处乱闹之前,已被我赶出了浴室,我了解它,小东西。巧克力发出低沉的叫声,埋怨着:就我们俩,老大。

我脱了衣服,沁入水中。真热!差不多快被煮了。算了,就这样吧,既来之,则安之。我泡了一会,水温终于可以承受了,或者说身体适应了,一切都不重要了。

我要走了。我细细品味着这几个字,享受着人生最后一浴,甚至在品味着我的离去。总之,试一下吧。巧克力一直叫着,挠着门,但我已无心再去喝斥它。

我拿起他忘记在浴缸边的剃刀,泪水流了下来,为了不失去勇气,我快速的在静脉上划过,左腕一下,右腕一下---可不是太容易。略一想,担心活儿干的不够漂亮,又在脚踝上各来了一下,我曾听说在热水中这样做是不痛的,看来错了。但没关系,我要走了。

巧克力“哭”了,可怜的小东西,邻居会照顾你的。而我,我要走了,在热水中我失去了知觉,沉入在红色的泡沫中。我冷,有点害怕,但是太迟了。门后,猫发了疯,跳向门把手,号叫着。对不起,我可爱的巧克力。

对不起,邻居们,你们明天来喂猫时所会看到的那一幕,我想你们以后不会在为别人帮这样的忙了。对不起,所有我未曾考虑到的朋友们,我走了。

至于他,我将在地狱里等着他!

打印本文 打印本文  关闭窗口 关闭窗口