il y a un an, vous l'avez rappelé tout à l'heure, et j'avais profité de votre présence pour indiquer aux Français, comme je le fais aujourd'hui sur d'autres sujets, de l'inquiétude croissante concernant la sécurité. Et c'est évident, que l'on ne peut pas vivre dans un monde ou l'insécurité s'accroît. Et donc, il fallait prendre un certain nombre de dispositions. J'ai rappelé, tout à l'heure, ce qui avait été fait par le gouvernement, c'est un effort qui va être poursuivi. Poursuivi pour permettre de dissuader ceux qui veulent commettre des crimes ou des délits, et poursuivi aussi parce qu'il est essentiel de retrouver dans notre pays un peu plus de respect pour les autres. La société française depuis quelques années ou quelques décades, je le disais tout à la l'heure, a un peu éclatée et pour toutes sortes de raison qui ne tiennent pas au génie français, mais qui tient de la mauvaise pratique politique selon moi (que je ne n'impute d'ailleurs ni aux uns, ni aux autres, ce n'est pas le problème). Le résultat, c'est que les gens ne se respectent plus. Ils ne respectent plus les institutions, ne respectent plus les autres et dans ce climat, naturellement, quand il n'y a plus de respect, il y a agression. Cela va de l'agression verbale à l'agression physique naturellement. Il faut petit à petit redonner au respect que l'on doit avoir pour les autres toute sa valeur de société et cela passe par une lutte efficace contre l'insécurité. Cela vous pouvez compter, je le vois, sur le gouvernement dans ce domaine.
QUESTION - Alors l'opposition agite le risque ou la menace d'un état répressif ou policier ? LE PRESIDENT - Il faut un Etat républicain. Et un Etat républicain c'est un Etat qui fait respecter la loi, c'est tout.
QUESTION - Vous avez rappelé tout à l'heure la création de 25 000 postes pour la police, la justice et la gendarmerie. Est-ce que c'est compatible avec la diminution du nombre de fonctionnaires qui a été aussi annoncée ? LE PRESIDENT - J'ai toujours dit que je n'étais pas de ceux qui disaient il faut augmenter ou il faut diminuer le nombre des fonctionnaires. Je dis, il faut réformer notre administration en permanence comme toutes les entreprises humaines se réforment ou meurent. Et pour cela, il faut s'adapter. Il est évident qu'il y a des procédures qui ne sont plus adaptées, qui sont lourdes et coûteuses, qu'il y a des endroits où on manque dramatiquement de moyen
QUESTION - Dans des secteurs particuliers ? LE PRESIDENT - Oui, notamment la police et la justice, vous venez de le dire à juste titre. On peut penser à la santé et à d'autres. Il y a donc une volonté de réforme de l'Etat qui se traduira par des initiatives que vous évoquiez tout à l'heure sur la décentralisation, le transfert de compétences, une nouvelle architecture de la France de demain où les décisions seront prises au plus près des citoyens. Ce qui supposent aussi une amélioration de la situation de notre administration au sens le plus général du terme, d'ailleurs, dans l'intérêt de nos fonctionnaires. Alors cela conduira-t-il à augmenter, à garder le même nombre ou à diminuer le nombre des fonctionnaires ? Ce n'est pas un objectif cela, c'est une conséquence. C'est tout à fait différent.
QUESTION - Même si on peut faire des économies quand même ? LE PRESIDENT - Oui, naturellement. Mais en règle générale quand on fait de bonnes réformes, on fait des économies.
QUESTION - Alors je voudrais Monsieur le Président, vous posez une question très concrète. Nécessairement les interpellations vont être multipliées. Est-ce que la justice va suivre et où va-t-on les mettre ces personnes interpellées, puisqu'on sait que la création des centres fermés pour les jeunes délinquants ou la construction des prisons mettra un certain temps. LE PRESIDENT - On ne peut pas évidemment augmenter l'action de la police sans en tirer un certain nombre de conséquences. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a pris d'urgence un certain nombre de décisions. Les centres fermés, cela ne posera pas de problème. Je pense qu'avant la fin de l'année, si j'ai bien entendu le gouvernement, il devrait y en avoir au moins un par département, ce qui devrait permettre de régler le problème. Et surtout qu'il s'agit souvent de transformer des centres ouverts en centres fermés. Et que les centres fermés ce ne sont pas des prisons, ce sont des centres où l'on prend les moyens d'éviter que les fugues soient trop systématiques. Parallèlement, il y a un système de détention provisoire qui a été également transformé pour ceux qui fugueraient des centres fermés. Les prisons, c'est évidemment plus long. Et vous aurez noté que dans ce gouvernement, il y a un membre du gouvernement qui est chargé de relancer ce programme, de moderniser les structures de la justice au sens large du terme : les tribunaux qui ont beaucoup de besoin, notamment de modernisation ou de construction et les prisons. J'espère que l'on pourra être aussi efficace que possible. J'ai compris que le gouvernement allait même essayer de simplifier un peu les procédures, de façon à ce que nous n'arrivions pas à la situation que nous connaissions ces derniers temps, où, entre le moment où on décidait la construction d'un commissariat de police et le moment où on l'inaugurait, il fallait cinq ou six ans.
QUESTION - Dans l'insécurité Monsieur le Président, il y a aussi le terrorisme après l'attentat qui a coûté la vie à des Français à Karachi. Comment est-ce que vous qualifiez-vous aujourd'hui la menace terroriste en France ? Est-ce que c'est menaçant, très menaçant ? LE PRESIDENT - La menace terroriste existe, pas seulement en France, elle existe dans l'ensemble du monde et elle est, par définition, menaçante. Alors tout doit être fait pour lutter contre. Pour lutter contre, il faut d'abord essayer de lutter contre les foyers que l'on connaît de façon évidente comme Al Qaida. C'est ce qui est fait. Dans ce domaine, la participation de la France aux opérations conduites contre les terroristes afgans a été, je crois, on peut le dire, exemplaire. Deuxièmement, le renforcement de la coopération entre les pays, en règle générale, dans le cadre de l'ONU ou dans le cadre bilatéral ou multilatéral, c'est fortement affirmé, notamment au niveau de la police, de la justice, des renseignements, des services. Il en va de même pour l'action qui est conduite contre le financement de ces terrorismes. Vous avez vu que la France a été tout à fait à la pointe des pays qui ont -conformément à la demande qui avait été exprimée à l'ONU- gelé des comptes, parce que nous avions la conviction qu'ils étaient liés à des organisations terroristes. Donc, il faut poursuivre. C'est un souci essentiel du gouvernement. Ce n'est peut-être pas celui dont il faut débattre le plus sur le plan public, mais c'est un souci essentiel et permanent, notamment, bien entendu, pour le chef d'Etat.
QUESTION - Généralement, est-ce que les frontières ne sont pas trop poreuses. Est-ce que par exemple la fermeture du Centre de Sangatte va régler le problème de l'immigration clandestine ? LE PRESIDENT - Non, il réglera déjà le problème de Sangatte ce qui ne sera pas mal. Et il réglera aussi une part des difficultés que nous avons connues avec nos amis Anglais, parce que nous n'avions pas les mêmes règles. Pour le problème de Sangatte, je pense qu'il va être régler, j'en suis très heureux, dans les mois qui viennent. Nous avons plus largement le problème de l'immigration clandestine. Je ne parle pas de l'immigration, elle est nécessaire. Je parle de l'immigration clandestine. Comment peut-on faire pour lutter efficacement contre l'immigration clandestine. Nous avons beaucoup parlé de cela au sommet de Séville, sous présidence espagnole, il y a quelques semaines. Il faut effectivement renforcer nos contrôles aux frontières, aux frontières de la Communauté et c'est la décision que nous avons prise. Il faut harmoniser nos législations, car il est évident que les clandestins jouent sur, c'est particulièrement vrai pour l'Angleterre, les différences de législation. Troisièmement, il faut, en France, réformer immédiatement le droit d'asile. Le droit d'asile est une absurdité en France. Il correspond à quelque chose d'essentiel qui est totalement dans notre culture et dans notre histoire. Mais aujourd'hui, quand quelqu'un demande le droit d'asile, la décision demande dix-huit mois, c'est absurde et cela ne sert à rien. C'est simplement parce que nous ne nous sommes pas donnés les moyens de le faire.
QUESTION - Donc vous souhaitez plus de rapidité dans ce domaine. LE PRESIDENT - Aujourd'hui, il faut mettre en oeuvre les moyens permettant de répondre au droit d'asile dans un temps très bref. Et un temps très bref pour moi, c'est un temps inférieur à un mois. Sauf des cas particuliers. Il y a des choses qui pourraient se faire beaucoup plus simplement. Il y a des pays dont beaucoup de ressortissants demandent le droit d'asile et dont on sait qu'il n'y a aucune espèce de raison politique ou de sécurité personnelle qui le justifie, que c'est simplement un transfert économique. Donc la réforme du droit d'asile est tout à fait essentielle. Il y a encore un point qui est fondamental, c'est l'aide au développement : les gens ne s'expatrient pas uniquement pour le plaisir d'aller ailleurs, ils s'expatrient par misère. Et donc l'aide au développement est la seule réponse que le monde riche peut et doit apporter aux pays qui sont à l'origine de ces flux. Enfin, il y a une dernière chose et qui est capitale, c'est que s'est institué sur cette misère humaine un système mafieux monstrueux, qui est pire que l'esclavage et qui consiste à aller chercher des gens, à leur prendre leurs dernières économies, en leur faisant miroiter des ponts d'or, et ensu 上一页 [1] [2] [3] [4] [5] [6] 下一页 |