何如先生译(1978年外文出版社)
清平乐 蒋桂战争 1929 秋
风云突变, 军阀重开战。 洒向人间都是怨, 一枕黄梁再现。
红旗跃过汀江, 直下龙岩上杭。 收拾金瓯一片, 分田分地真忙。
CONFL1T ENTRE TCHIANG KAI-CHEK ET LA CL1QUE DU GUANGXI Sur l''air de Qing ping yue
LA tempête soudain s''élève: Entre seigneurs de guerre à nouveau les combats. Que de rancoeurs ils sèment ici-bas; Le millet n''est pas cuit que le songe s''achève.
D''un bond, le drapeau rouge a franchi le Tingjiang Pour se porter tout droit sur Longyen et Shanghang. Déjà la coupe d''ors est reprise en partie; A partager 1a terre on s''active ardemment.
Automnne I929
---------------------------------------------
采桑子 重阳 1929.10
人生易老天难老, 岁岁重阳。 今又重阳, 战地黄花分外香。
一年一度秋风劲, 不似春光。 胜似春光, 寥廓江天万里霜。
LE D0UBLE NEUF Sur l''air de Cai sang zi
L''ETRE humain vieillit vite, et non pas 1a nature; Tous 1es ans revient 1e Double Neuf Cette année, pour le Double Neuf, Sur les champs de bataille, l''arôme des fleurs d''or s''exhale encore plus pur.
Chaque année, en son temps, souffle le vent d''automne; Ce n''est pas la splendeur du printemps. C''est plus beau que l''éclat du printemps: Aux confins du fleuve et du ciel s''étend 1''immensité du givre.
Octobre I929
----------------------------------------------
如梦令 元旦 1930.01
宁化、清流、归化, 路隘林深苔滑。 今日向何方, 直指武夷山下。 山下山下, 风展红旗如画。
J0UR DE L''AN sur l''air de Ru meng ling
NlNGHUA, Qingliu, Guihua, Sentiers étroits, forêts profondes, mousses glissantes. Où dirigeons-nous aujourd''hui nos pas? Mais tout droit vers Wuyi, au pied du mont. Au pied du mont, au pied du mont Les drapcaux rouges dép1oient au vent leur vaste fresque.
Janvier l930
-----------------------------------------------
减字木兰花 广昌路上 1930.02
漫天皆白, 雪里行军情更迫。 头上高山, 风卷红旗过大关。
此行何去? 赣江风雪迷漫处。 命令昨颁, 十万工农下吉安。 SUR LA R0UTE DE GUANGCHANG Sur l''air de Jian zi mu lan hua
L''UNIVERS est tout blanc; Sous la neige, l''Armée presse encore le pas. De hautes montagnes sur nos têtes; Le drapeau rouge au vent franchit la grande passe.
Où devons-nous aller? Du côté du Ganjiang, où tempête la neige. Hier l''ordre a été proclamé; Cent mille ouvriers et paysans fondent sur Ji''an.
Février I930
--------------------------------------------------
蝶恋花 从汀州向长沙 1930.07
六月天兵征腐恶, 万丈长缨要把鲲鹏缚。 赣水那边红一角, 偏师借重黄公略。
百万工农齐踊跃, 席卷江西直捣湘和鄂。 国际悲歌歌一曲, 狂飙为我从天落。
DE TlNGZH0Ul A CHANGSHA Sur l''air de Die lian hua
EN juin nos troupes célestes châtient la corruption et le mal; Leur corde de dix mille toises veut ligoter le Kunpeng. Au-delà du Ganjiang, tout un coin devient rouge. Nous avons Huang Gonglue pour garder notre flanc.
Un million d''ouvriers et de paysans, d''un élan unanime, Enlèvent 1e Jiangxi, poussent jusqu''au Hunan et Hubei. Aux accents exaltants de l''Internationale, Des tempêtes, pour nous, ont accouru du cie1.
Juillet l930
-------------------------------------------
渔家傲 反第一次大“围剿” 1931 春
万木霜天红烂漫, 天兵怒气冲霄汉。 雾满龙冈千嶂暗, 齐声唤, 前头捉了张辉瓒。
二十万军重入赣, 风烟滚滚来天半。 唤起工农千百万, 同心干, 不周山下红旗乱。
CONTRE LA PREMIERE CAMPAGNE "D''ENCERCLEMENT ET D''ANEANT1SSEMENT" Sur l''air de Yu jia ao
SOUS un ciel de frirmas, dix mille arbres vermeils; De nos troupes célestes la colère monte aux nues. Au Longgang embrumé, mille pics obscurcis; Tous crient d''une seule voix: A l''avant, nous avons capturé Zhang Huizan.
L''ennemi revient au Jiangxi, fort de deux cent mille hommes; La fumée roule au vent depuis 1e coeur du ciel. Ouvriers et paysans se lèvent par dizaines de millions, Armés de 1a même volonté: Au pied du mont Buzhou, les drapeaux rouges se déchaînent.
Printemps 1931
---------------------------------------------
渔家傲 反第二次大“围剿” 1931 夏
白云山头云欲立, 白云山下呼声急, 枯木朽株齐努力。 枪林逼, 飞将军自重霄入。
七百里驱十五日, 赣水苍茫闽山碧, 横扫千军如卷席。 有人泣, 为营步步嗟何及!
C0NTRE LA DEUXIEME CAMPAGNE "D''ENCERCLEMENT ET D''ANEANTISSEMENT" Sur 1''air de Yu jia ao
EN haut du mont au Nuage blanc, les nuages s''élancent; Au pied du mont, les cris s''élèvent furieux; Arbres séchés et trôncs pourris font de leur mieux. Une forêt de fusils avance, Le "Généra1 volant" surgit du fond des cieux.
Sept cents lis en quinze jours parcourus; Si vagues les eaux de la Gan, les monts du Fujian si verts. L''ennemi balayé comme on roule une natte; Quelqu''un gémit là-bas: A quoi bon, "1es bastions dressés à chaque pas"! Eté 1931
-------------------------------------------
菩萨蛮 大柏地 1933 夏
赤橙黄绿青蓝紫, 谁持彩练当空舞? 雨后复斜阳, 关山阵阵苍。
当年鏖战急, 弹洞前村壁。 装点此关山, 今朝更好看。
Da Bai Di Sur l''air de Pu sa man
ROUGE, orangé, jaune, vert, indigo, bleu, violet: Qui danse au ciel avec ce ruban diapré? A la fin de la pluie, au soleil qui décline, Des vagucs d''ombre verte estompent cols et cimes.
Jadis un dur combat en ce lieu s''engagea; Les obus ont troué lcs murs de ce village, Pour les cols et les cimes, un bien bel ornement; Aujourd''hui leur beauté en ressort davantage.
Eté l933
-------------------------------------------
清平乐 会昌 1934 夏
东方欲晓, 莫道君行早。 踏遍青山人未老, 风景这边独好。
会昌城外高峰, 颠连直接东溟。 战士指看南粤, 更加郁郁葱葱。
HUI CHANG Sur l''air de Qing ping yue
LE jour veut poindre à l''Orient. Ne me dites pas: c''est partir de trop bonne heure; Parcourir ces monts verts ne fait point vieiilir l''homme, Le paysage d''ici sans pareil demeure.
Au-delà de Huichang, les cimes sourcilleuses Ondulent en chaînons jusqu''à la mer de l''Est. Les combattants, du doigt, se montrent le Guangdong, Encor plus luxuriant dans toute sa verdure.
Eté 1934
----------------------------------------------
忆秦娥 娄山关 1935.02
西风烈, 长空雁叫霜晨月。 霜晨月, 马蹄声碎, 喇叭声咽。
雄关漫道真如铁, 而今迈步从头越。 从头越, 苍山如海, 残阳如血。
Le DEFILE DE LOUSHAN Sur l''air de Yi qin''e
LES vents d''ouest souffrent violents; L''oie sauvage crie au fond du ciel glacé de lune matinale. Glacé de lune matinale, Les chevaux trottent, sabots claquants,
Ne croyez pas qu''il soit de fer, ce défilé puissant, Maintenant à grands pas nous franchissons ses crêtes. Nous franchissons ses crêts: Ces monts si verts semblent un océan, Ce soleil qui se meurt semble du sang.
Février 1935
------------------------------------------------
十六字令 三首 1934-35
山, 快马加鞭未下鞍。 惊回首, 离天三尺三。
山, 倒海翻江卷巨澜。 奔腾急, 万马战犹酣。
山, 刺破青天锷未残。 天欲堕, 赖以拄其间。
TROIS PETITS POEMES Sur l''air de Shi liu zi ling
I
MONTAGNES! Je fouette mon coursier, étant toujours en selle, Je me retourne; surprise! Je sui à trois pieds trois pouces du ciel.
II
MONTAGNES! Grands fleuve en fureur, vastes mers démontées, Et, lancés dans leur course, Des milliers de chevaux, tous ivres de bataille!
III
MONTAGNES! Elles percent le ciel sans émousser leurs cimes. Si jamais le ciel tombait, Elles lui serviraient de pilliers.
1934-1935
------------------------------------------------
七律 长征 1935.10
红军不怕远征难, 万水千山只等闲。 五岭逶迤腾细浪, 乌蒙磅礴走泥丸。
金沙水拍云崖暖, 大渡桥横铁索寒。 更喜岷山千里雪, 三军过后尽开颜。
LA LONGUE MARCHE
RIENS n''effraye l''Armée rouge en ses longues campagnes; C''est peu que tous ces flots, que toutes ses montagnes. Les cinq Chaînes, pour nous, rides de fine houle; Wumeng le Colossal, simple motte qu''on foule.
Tièdes, du Sable d''Or les roches flagéllés, Dadu tendu d''un pont tout en chaînes gélées, Et Minshan, neige immense, a de quoi nous séduire, Les Trois Armées passées, se répand le sourire.
Octobre 1935
--------------------------------------------
念奴娇 昆仑 1935.10
横空出世, 莽昆仑, 阅尽人间春色。 飞起玉龙三百万, 搅得周天寒彻。 夏日消溶, 江河横溢, 人或为鱼鳖。 千秋功罪, 谁人曾与评说?
而今我谓昆仑: 不要这高, 不要这多雪。 安得倚天抽宝剑, 把汝裁为三截? 一截遗欧, 一截赠美, 一截还东国。 太平世界, 环球同此凉热。
KUNLUN Sur l''air de Nie nu jiao
ALLONGE dans l''espace et détaché du monde, Kunlun le Géant, Qui a vu toutes les beauttés de printemps de la terre! Trois millions de dragons de jade y prennent leur essor, Tout le ciel en est transi de froid, Quand vient le dégel en été, On voit nos fleuves déborder, L''homme peut devenir poisson ou tortue. sur ses mérites ou ses crimes millénaires, Qui donc aurait porté le moindre jugement?
Mais maintenant, je te dis, ô Kunlun, Pourquoi cette hauteur, Pourquoi tant de neige? Que ne puis-je, d''un glaive plus haut que le ciel, Te découper en trois tronçons! J''en donnerais un à l''Europe, Un à l''Amérique, Et j''en garderais un pour l''Orient. La Grande Paix régnerait sur le monde, La terre entière aurait même part de chaleur et de froid.
Octobre 1935
-----------------------------------------------------
清平乐 六盘山 1935.10
天高云淡, 望断南飞雁。 不到长城非好汉, 屈指行程二万。
六盘山上高峰, 红旗漫卷西风。 今日长缨在手, 何时缚住苍龙?
LE MONT LIUPAN Sur l''air de Qing ping yue
LE ciel est haut, les nuages sont claires; L''oeil poursuit l''oie sauvage qui se perd vers le SUd. On n''est point homme, à moins d''atteindre la Grande muraille, Nous comptons sur nos doigts vingt mille lis de marche.
Sur le cime du mont Liupan Les drapeaux rouge flottent au gré du vent de l''ouest. Aujourd''hui nous tenons en main la longue corde; Quel jour ligotons-nous le Dragon ténébreux?
Octobre 1935
|