Rien entre 1870 et 1882 ?
Pour rendre justice aux années soixante-dix, il faudrait parler d'artistes qui, au cours de cette décennie, ont aidé à développer des styles, des chansons et des interprétations, que les années quatre-vingt allaient leur permettre de perfectionner et qu'on retrouvera sous diverses formes dans les années quatre-vingt-dix. - À commencer par Thérésa, la grande Thérésa, Judic et Libert qui, sans être complètement les inventeurs de leurs genres, allaient permettre à ceux qui les suivraient des audaces qui, autrement, leur auraient été difficiles. On retrouvera de courtes biographies de ces trois interprètes en notre page dédiée à la chanson de la belle époque.
Ses artistes n'ont fait aucun enregistrement sauf l'ingénue Judic (et encore : à 52 ans !) et leurs prestations, évidemment, n'ont jamais été filmées. Ne nous reste d'eux que des feuilles de musique, des affiches, des photos et des critiques qui nous laissent souvent perplexes.
Il en est de même de Paulus qui allait, à toutes fins utiles, dominer les années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix mais qui était déjà là au début des années soixante-dix. - Il fera l'objet de notre cinquième chanson.
Entre-temps, la silhouette d'Aristide Bruant n'est pas loin - Nous l'écouterons à l'instant.
En attendant, la romance continue son chemin. - Comme cette Chanson des blés d'or sur une musique d'un certain Frédéric Doria qui la créera au Concert Parisien en 1882 et dont on ne sait à peu près rien [*]. - Seize ans plus tard, on en fera un des tous premiers cylindres commerciaux (Maréchal). Puis en 1907 (madame Fabre) et en 1909 (Melgati). - Depuis, elle n'a jamais cessé d'être enregistrée : Fred Gouin, en 29, Réda Caire, en 31, Toscani en 36, Gentès, en 50, Maestral en 57, Lumière en 58, etc., etc. - Un succès presque aussi grand que Le temps des cerises.
L'interprétation que nous en offrons est celle de Fred Gouin, prolifique chanteur qui, pendant 30 ans, ne cessa d'enregistrer (plus de mille titres entre 1917 et 1940). Elle date de 1919.
Fred Gouin - Pathé - 1919 - format MP3 :
[*] Si sur le compositeur de la Chanson des blés d'or nous est inconnu, en revanche, sur son compositeur, les recherches effectuées par Francis Sartorius, ancien bibliothécaire de l'institut des Études Européennes de l'Université de Bruxelles, nous apprend qu'il se nommait en réalité Alphonse Vanden Camp, qu'il est né à Bruxelles en 1833, qu'il était journaliste, qu'il s'est plu à se cacher derrière de nombreux pseudonymes, qu'il a fait parti de la Commune, etc., etc. - Une histoire fascinante. - Voir à ce propos la page suivante :
http://www.histoires-litteraires.org/les%20articles/artsartorius.htm