Il est des chansons plus connues d'Aristide Bruant.
De 1873, date de ses premières prestations, jusqu'à 1908, 1909 ou 1910, années de ses retraites «définitives» (il chantait encore en 1924 et sa Rose blanche date de 1911), il a en effet écrit des centaines de chansons qui, à force d'être chantées par tous et chacun, sont devenues presque du domaine folklorique.
À la Bastille est une de celles-la, de même que : Nini peau d'chien, À Montmertre, Le Chat Noir, À Grenelle, À Saint-Lazare, À Batignolles... et l'on pourrait continuer comme ça pendant dix lignes.
En 1873, il y allait déjà de Les gens de Courtenay ; en 1879 il écrivait et chantait J'suis d'l'avis du gouvernement ; en 1881, il compose Le 113e de ligne et La chaussée de Clignancourt (que ne dédaignerontt pas Claudius et Paulus). - En 1884, avec Jules Jouy (voir à Rodolphe Salis), il a commencé à écrire ces chansons plus ou moins populaires dont la première allait être Mad'moiselle écoutez-moi donc ! que la chanteuse populaire québécoise, Mary Travers (La Bolduc) n'hésitera pas à reprendre en 1930.
En 1885, sa silhouette n'a pas encore atteint la notoriété que les affiches de Toulouse-Lautrec allaient lui conférer sept ans plus tard (et qui en contre-partie, allaient rendre Toulouse-Lautrec tout aussi célèbre) mais, s'étant essayé l'année précédente avec À la Villette (*), il entame toute une série de chansons ayant pour titres des quartiers de Paris où il décrit les bonheurs, misères et préoccupations des petites gens, non sans une certaine démagogie, non sans une certaine facilité mais, de ces chansons, le Belleville-Ménilmontant, que nous proposons ici comme quatrième titre, n'est pas sans une certaine poésie, de cette poésie, hélas, souvent oubliée par les littérateurs (et ce, depuis Villon). - Un chef-d'oeuvre ? Sans doute pas mais... pas loin.
Et si on parlait d'un certain humour sur un fond de tragédie ?
Quoiqu'il en soit, voici, Aristide lui-même, aux alentours de 1909 ou de 1910, interprétant un de ses grands succès :
Aristide Bruant - vers 1909-1910 - Étiquette inconnue : - 02m21 - 1 104 ko
D'autres interprétations de chansons d'Aristide Bruant se trouveront en sa page et à diverses autres pages dédiées, entre autres, à Yvette Guilbert et à Eugénie Buffet.
(*) Ancienne prison de Paris (1837 - 1900) qui servait de dépôt pour les condamnés à mort.
À la Villette (Aristide Bruant) :
Il avait pas encor' vingt ans
I' connaissait pas ses parents
On l'appelait Toto Laripette
À la Villette...
[...]
La dernièr' fois que je l'ai vu
Il avait l'torse à moitié nu
Et le cou pris dans la lunette
À la Roquette.
Interprétation d'Aristide Bruant :
Aristide Bruant - vers 1909-1910 - Étiquette inconnue : - 02m42 - 1 111 ko