Pendant toute la journée, le docteur sentit croître petit vertige qui le prenait chaque fois qu'il pensait à la peste. Finalement, il reconnut qu'il avait peur. Il entra deux fois dans des cafés pleins de monde. Lui aussi, comme Cottard, sentait un besoin de chaleur humaine. Rieux trouvait cela stupide, mais cela l'aida à se souvenir qu'il avait promis une visite au représentant. 在这一天中间,每当医生想起鼠疫,就会感到脑袋微微发胀,而且这种感觉越来越厉害。他终于不得不承认他也害怕起来了。他两次走进顾客很多的咖啡馆,他也跟科塔尔一样需要人们的热情。里厄知道这样做是可笑的,但是这倒能提醒他曾答应过去看这个代理商的事。
Le soir, le docteur trouva Cottard devant la table de sa salle à manger. Quand il entra, il y avait sur la table un roman policier étalé. Mais la soirée était déjà avancée et, certainement, il devait être difficile de lire dans l'obscurité naissante. Cottard devait plutôt, une minute auparavant, se tenir assis et réfléchir dans la pénombre. Rieux lui demanda comment il allait. Cottard, en s'asseyant, bougonna qu'il allait bien et qu'il irait encore mieux s'il pouvait être sûr que personne ne s'occupât de lui. Rieux fit observer qu'on ne pouvait pas toujours être seul. 傍晚,医生看到科塔尔坐在饭厅的桌子前。他进去的时候,看到在桌上放着一本翻开着的侦探小说,但是天色已经很暗,看来,在夜色朦胧中很难看书。比较可能的是,科塔尔在一分钟前坐在昏暗中沉思。里厄问他身体可好。科塔尔一边坐下,一边唠唠叨叨地说他身体不坏,不过要是能保证没有人来打扰他,身体还会更好些。里厄劝告他说,一个人不能老是孤独地生活。
- Oh ! ce n'est pas cela. Moi, je parle des gens qui s'occupent de vous apporter des ennuis.
Rieux se taisait.
- Ce n'est pas mon cas, remarquez-le bien. Mais je lisais ce roman. Voilà un malheureux qu'on arrête un matin, tout d'un coup. On s'occupait de lui et il n'en savait rien. On parlait de lui dans des bureaux, on inscrivait son nom sur des fiches. Vous trouvez que c'est juste ? Vous trouvez qu'on a le droit de faire ça à un homme ? “哦!我不是这个意思。我说的是那些专门找你麻烦的人。”
里厄没作声。
“请注意,我讲的不是我自己。我刚才正在看这本小说,里面叙述一个倒霉的家伙在一个早上突然被捕。人家一直留心他,而他却蒙在鼓里。大家在办公室里谈论他,把他的名字写人档案。您认为这是公正的吗?您认为他们有权这样对待一个人吗?”
- Cela dépend, dit Rieux. Dans un sens, on n'a jamais le droit, en effet. Mais tout cela est secondaire. Il ne faut pas rester trop longtemps enfermé. Il faut que vous sortiez.
Cottard sembla s'énerver, dit qu'il ne faisait que cela, et que, s'il le fallait, tout le quartier pourrait témoigner pour lui. Hors du quartier même, il ne manquait pas de relations.
- Vous connaissez M. Rigaud, l'architecte ? Il est de mes amis. “这倒不能一概而论,”里厄说,“不错,从某一方面说来,他们完全没有权利,但这一切都是次要的。您不应长期与世隔绝,该出去走走。”
科塔尔好像恼火了,说他是经常出去走动的,有必要的话,整个区的人都能为他证明。甚至在本区外,认识他的人也不少。
“您认识建筑师里戈先生吗?他是我的朋友。”
L'ombre s'épaississait dans la pièce. La rue du faubourg s'animait et une exclamation sourde et soulagée salua, au dehors, l'instant où les lampes s'allumèrent. Rieux alla au balcon et Cottard l'y suivit. De tous les quartiers alentour, comme chaque soir dans notre ville, une légère brise charriait des murmures, des odeurs de viande grillée, le bourdonnement joyeux et odorant de la liberté qui gonflait peu à peu la rue, envahie par une jeunesse bruyante. La nuit, les grands cris des bateaux invisibles, la rumeur qui montait de la mer et de la foule qui s'écoulait, cette heure que Rieux connaissait bien et aimait autrefois lui paraissait aujourd'hui oppressante à cause de tout ce qu'il savait. 室内光线越来越暗。郊区街道渐渐热闹起来。路灯一亮,外面传来一阵低低的、轻松的欢呼声。里厄走上阳台,科塔尔也跟了出来。跟城里寻常的夜晚一样,阵阵微风从周围各区吹来,传来了喃喃低语,送来了烤肉的香味,吵吵嚷嚷的年轻人拥到了街上,渐渐地街上到处都是由于感到自由轻松而欢乐的人们的嘈杂声,这声音随风飘来,夹杂着一股芬芳的气息。黑夜中,瞧不见的轮船发出响亮的鸣笛声,从海面和熙熙攘攘的人群中传来了喧闹声,这是里厄往日非常熟悉和喜爱的时刻,今天由于他所获知的一切情况的影响,这时刻却似乎使他感到压抑。
- Pouvons-nous allumer ? dît-il à Cottard.
[72] La lumière une fois revenue, le petit homme le regarda avec des yeux clignotants :
- Dites-moi, docteur, si je tombais malade, est-ce que vous me prendriez dans votre service à l'hôpital ?
- Pourquoi pas ?
Cottard demanda alors s'il était arrivé qu'on arrêtât quelqu'un qui se trouvait dans une clinique ou dans un hôpital. Rieux répondit que cela s'était vu, mais que tout dépendait de l'état du malade.
- Moi, dit Cottard, j'ai confiance en vous.
Puis il demanda au docteur s'il voulait bien le mener en ville dans son auto. 他对科塔尔说:“可以开灯了吧?”
灯光一亮,这个小矮个儿眨巴着眼,瞧着里厄。
“请告诉我,医生,假使我得了病,您是否将收我进医院到您的科里治疗?”
“为什么不呢?”
科塔尔又问是否有过在诊所里或医院里逮捕人的情况。里厄回答说有过这种事例,但是这一切要根据病人的病情而定。
科塔尔说:“我呀,我对您是信任的。”
接着他问医生是否可以让他搭他的车子到市里去。
Au centre de la ville, les rues étaient déjà moins peuplées et les lumières plus rares. Des enfants jouaient encore devant les portes. Quand Cottard le demanda, le docteur arrêta sa voiture devant un groupe de ces enfants. Ils jouaient à la marelle en poussant des cris. Mais l'un d'eux, aux cheveux noirs collés, la raie parfaite et la figure sale, fixait Rieux de ses yeux clairs et intimidants. Le docteur détourna son regard. Cottard, debout sur le trottoir, lui serrait la main. Le représentant parlait d'une voix rauque et difficile. Deux ou trois fois, il regarda derrière lui.
- Les gens parlent d'épidémie. Est-ce que c'est vrai, docteur ?
- Les gens parlent toujours, c'est naturel, dit Rieux. 在市中心区,街上的行人已较稀少,灯光也寥若晨星,孩子们还在门口玩耍。医生在科塔尔的要求下,把车子停在一伙孩子的面前。他们在玩跳房子游戏,边玩边大声叫嚷。其中一个黑色的头发梳得很平伙、头路笔直、但面孔却很脏的孩子用带着威胁性的炯炯的目光瞅着里厄。医生不去看他。科塔尔站在人行道上同医生握手道别。他讲话嗓音嘶哑,发音困难,他一连回头向身后望了两三次,说:
“大家都在谈论鼠疫,是否真有此事,医生?”
“人们一直在讲,这并不奇怪。”里厄说。
- Vous avez raison. Et puis quand nous aurons une dizaine de morts, ce sera le bout du monde. Ce n'est pas cela qu'il nous faudrait.
- Qu'est-ce donc qu'il nous faudrait ? demanda le docteur en souriant à l'enfant.
Le moteur ronflait déjà. Rieux avait la main sur son levier de vitesse. Mais il regardait à nouveau l'enfant qui n'avait pas cessé de le dévisager avec son air grave et tranquille. Et soudain, sans transition, l'enfant lui sourit de toutes ses dents.“您说得对。一旦有十来个人丧命,那就末日来临了。这恐怕不是我们所希望的吧。”
发动机已开动,里厄的手已搭在变速操纵杆上准备开车。他又重新看看一直以严肃而平静的目光打量着他的孩子。孩子忽然向他咧嘴一笑。
“那么我们希望些什么呢?”里厄问,一边朝着孩子微笑着。
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